mardi 21 novembre 2017

Instinct maternel

Je me rends compte que je ne vous ai jamais raconté mon accouchement ni le pourquoi d'un déclenchement en urgence 1 mois avant le terme. Peut-être parce que c'est difficile pour moi de poser les mots sur cette journée et cette nuit "difficiles".
Difficile car je n'étais pas prête à accoucher, difficile car j'ai eu mal (physiquement et phsychologiquement), difficile car après coup je me rends compte que j'ai failli perdre mon bébé.


Vous avez le temps? Installez vous confortablement car je me lance...
Etant diabétique de type1, insulinodépendante à vie, mener une grossesse à terme est très compliqué et dangereux. Le terme est d'ailleurs prévu aux alentours des 38sa. Je devais donc dans tous les cas accoucher plus tôt.
Au delà des 36 sa, le placenta n'est plus au top de sa forme, il se calcifie et donc les échanges ne se font plus correctement.... Bébé n'est plus nourrit et il est alors en "souffrance". On remarque ce genre de phénomène avec une chute des glycémies et donc des doses d'insuline. Autrement dit quand une femme diabétique peut manger tout ce qu'elle veut sans devoir augmenter voire en devant diminuer les doses d'insuline, il faut tirer la sonnette d'alarme.


J'ai vécu un cas similaire aux alentours des 35sa. Ma gynéco m'a alors demandé d'aller faire un monitoring toutes les 48 heures pour suivre l'évolution. Le vendredi avant la naissance du petit, elle me dit de me rendre directement à la maternité pour en faire. On espère que je passe le week-end pour pouvoir accoucher à 26sa.
Vendredi, tout se passe bien. Les rdv des prochains monito sont pris. Mon suivant est fixé au lundi 3/07 à 14h.


Le week-end se passe bien. Dimanche nous allons fêter l'anniversaire de la fille du parrain de Mathis. Ce jour-là, tout va bien. Mathis bouge dans tous les sens, maman se sent bien. Je me couche donc sereine ... on a passé un bon week-end, je me dis que je peux encore tenir le coup deux semaines.
Le lundi matin on profite d'une grasse mat', on part chercher les derniers cadeaux commandés sur notre liste de naissance et on va déjeuner en amoureux avant mon rdv pour le monitoring. Mais quelque chose me chiffonne: Mathis ne bouge plus. J'ai beau tenté de le stimuler rien y fait. Je ne m'inquiète pas car je vais quand même à la maternité.
A 14h, rdv monito. Je m'installe. Mon homme s'endort (j'ai d'ailleurs des super vidéos!lol). Moi j'écoute le coeur du bébé en me disant que je m'en fais pour rien car il bat bien et tout va bien.


Au bout de 30 minutes la sage femme arrive en me disant que le monito est parfait et que je peux rentrer à la maison. Je lui fais part de mon inquiétude. Elle essaie aussi de faire bouger le bébé. Elle appuie avec ses deux mains sur mon ventre... aucune réaction. Elle me fait bouger de position. Toujours aucune réaction.


Me voilà transférée chez ma gynéco en urgences. On fait une écho, elle prend toutes les mesures possibles. Effectivement, bébé flotte mais pour le reste tout est nickel. Il est comme amorphe dans mon ventre. Là, la peur de le perdre me submerge. J'ai déjà perdu un bébé à cause de ma maladie... mais non je ne vis plus revivre ça. Pas maintenant. Pas aussi près du but. Mon fils... mon bébé... Elle me dit qu'elle va suivre mon instinct et là j'apprends que je ne vais pas accoucher dans deux semaine mais le lendemain. Je dois rentrer au matin pour qu'on me déclenche. Sauf si je ne le sens pas du tout au cours de la soirée et là je dois rentrer d'office et on déclenche à mon arrivée à la maternité.


On rentrera le jour même à 18h. Pas envie de prendre de risques.


A 20h c'est parti pour un déclenchement par perfusion. L'ovule hors de question car mon bébé est en détresse et s'il faut partir pour une césarienne d'urgence, l'ovule étant dissout, ça complique les choses.
J'ai mal, j'ai peur car il ne bouge toujours pas, mais le col ne bouge toujours pas... je ne suis qu'à 1cm. A 2h du matin, je demande à prendre un bain. Je suis apaisée, limite à m'endormir. J'y reste 1heure. Quand j'en sors, une autre sage femme (celle qui a sauvé la vie de mon fils) me dit qu'il est temps qu'on active un peu les choses car bébé ne va pas bien. A ce stade, il ne supporterait même pas une césarienne d'urgence.
Elle m'a ouvert le col à la main. D'un 1cm, je suis passée à 3cm. Non sans douleur hein .... Elle voulait faire des pauses pour me laisser le temps de reprendre mes esprits. Mais non, impossible. C'est pas grave si moi je souffre, du moment que mon bébé va bien. On a perçé la poche. Puis on a fixé une sonde sur la tête de mon bébé et une autre à l'intérieur de mon utérus. Là aussi j'ai souffert.
On m'a proposé la péridurale dans la foulée. J'ai refusé. C'était la seule chose que je savais ressentir de mon accouchement. Vu que bébé n'était toujours pas décidé à bouger, tout ce qui me restait c'était les douleurs des contractions. Je voulais tenir le plus longtemps possible. J'ai tenu de 3h30 à 5h30.


6h péridurale posée. Je peux enfin souflé un petit peu. On me dit que Mathis va bien; la pression libérée grâce à la poche percée l'aide à tenir le coup. Je suis soulagée. J'attends.


8h je suis toujours à 5cm. Je trouve le temps long. Mon homme ronfle à côté de moi donc impossible de dormir. Je joue, je discute avec mes amies (qui sont restées éveillées toutes la nuit pour prendre de nos nouvelles)
8h30, j'ai mal. Une sage-femme vient et part en courant pour aller chercher ma gynéco car bébé est là .... Je ne pousse que 3 fois.


8h42 mon amour est là. Il crie, il pleure. Il vit <3


Mais mon récit ne s'arrête pas là. Etant diabétique, bébé risque de faire des crises d'hyglocémie importantes. Il doit normalement être sous surveillance en néonatologie en plus du fait que c'est un petit prématuré. Mon homme part avec la sage femme et le bébé.


J'attends...j'espère qu'il va bien, que sa glycémie est bonne. Je me suis préparée pendant 8 mois à passer la première nuit sans lui. Mais il me manque déjà.


Mon homme revient avec mon bébé dans ses bras. Le sourire aux lèvres: il va super bien. Il peut partir avec nous dans notre chambre <3 On doit aller en néonat toutes les 3 heures pour un contrôle mais je m'en fiche. On ne sera pas séparé.


Que d'émotions, que de souvenirs...



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